Le métier de la Graineterie
Grainetier : le mot fleure bon, qui évoque à certains d’entre nous, les paniers débordant de bulbes, les sachets de graines prometteuses, voire même notre premier poisson rouge. Mais la réalité du métier est-elle aussi fleurie ?
Qu’est-ce donc qu’un grainetier?
On a tous (ou presque) en souvenir l’odeur particulière de ces boutiques où l’on trouvait tout le nécessaire pour jardiner : des graines potagères et fourragères dans des sacs de 1kg jusqu’à… 50 kg, des graines de fleurs, mais aussi des oignons, quelques plants, des arbustes, des outils, de la bouillie bordelaise et autres traitements qui avaient cours et enfin, de précieux conseils. Pour Hervé Chartier, gérant de la graineterie Chartier et du magasin Jardiland de Compiègne, « c’est l’ancêtre de la jardinerie, mais ce n’est pas une jardinerie, pas en terme de surface. Une graineterie n’excède pas 1.000m², d’où son implantation, à l’origine, en centre-ville. » Seulement, allez chercher un grainetier dans votre ville*… Les graineteries disparaissent, à l’instar des boutiques de centre-ville : selon le rapport de branche FNMJ, le nombre d’établissements de grainetiers est passé de 1.010 en 2002, à 510 en 2012.
Les raisons ?
Pour Hervé Chartier, « Aujourd’hui, les grainetiers sont tous d’âge mûr. Et quand arrive l’âge de la retraite, se pose le problème de la revente des points de vente. Il faut en effet à l’acheteur les certificats requis pour commercialiser les produits phytosanitaires, mais aussi les animaux, etc… S’il ne les a pas, il ne peut pas racheter, ou bien en supprimant des rayons et en passant finalement à une autre forme de commerce. S’il les a, il lui faut aussi disposer d’assez d’argent : le m² en centre-ville coûte cher.»
La graineterie est-elle vouée à se fondre dans la jardinerie ?
Pour Hervé Chartier, c’est une évidence : « à l’instar de tous les petits commerces du centre-ville, la graineterie passe en périphérie de ville. Et le service change. » Patrick Lorie, président de la FNMJ, ajoute quant à lui : « la jardinerie vend elle aussi des graines, des bulbes, des plants, etc… elle était prédestinée à accueillir la graineterie ; en revanche, la question se pose de savoir si le « libre-service assisté » qui s’y pratique aujourd’hui est une technique de vente suffisante pour se substituer à celle du grainetier traditionnel. »
Ne peut-on pas imaginer des comptoirs de grainetier au sein des jardineries ?
« Il existe, dans certains commerces des comptoirs, comme les points-conseil dans les grandes librairies. Alors, pourquoi pas des comptoirs de grainetier ? convient Patrick Lorie. Cela permettrait notamment de capter de nouvelles clientèles : la plus pointue, qui, à défaut de trouver en magasin ce qu’elles cherche finit par ne plus commander que sur Internet, mais aussi la plus novice. Les jardineries disposent de vendeurs-conseil spécialistes, ces comptoirs permettraient aussi de mettre en avant leurs connaissances et leurs engagements. Sans compter que ce serait un moyen de venir en aide aux professionnels de l’horticulture, notamment les bulbiculteurs**. » Les conseils sont dans tous les cas utiles aux clients d’aujourd’hui. Car si les clients des graineteries d’autrefois, tous issus de la terre, connaissaient les rudiments du jardin et du jardinage, les « nouveaux jardiniers », ceux des villes, en ignorent tout ou presque : ils sont clairement en demande de conseils, notamment par rapport aux graines ou aux bulbes qui réclament un peu plus de savoir-faire que les plants.
*Quelques graineteries à visiter d’urgence :
- Graineterie Chartier à Margny-les-Compiègne (60)
- Graineterie Alain Barjon à Gareoult (83)
- Graineterie Bertrand à Villegouin (36)
- Graines Hubert à Lichtenberg (67)
- Graineterie Montant à Fleury-les-Aubrais (45)
- Graineterie du Quai à Apt (84)
- Graineterie Viala à Alès (30)
**Le chiffre d’affaires de la sous-catégorie « Bulbes à fleurs » sur l’ensemble des circuits de distribution était en baisse de 5% fin 2012 et de 7% fin 2013 (source Promojardin FNMJ)
Publié le : 30/10/2014
